Le Parisien 13/08/2012 : La traction avant au panthéon de l'histoire.

La Traction avant au panthéon de l'histoire

Voitures, motos, mobylettes, vans… Ces véhicules ont marqué des générations qui les associent à des événements où des tranches de vie. En route sur la piste de quelques mythes…

Le Parisien | 13 Août 2012, 07h00

Elle fut aussi bien l'automobile des présidents de la République que celle des résistants, des flics comme des voyous et même des cascadeurs… Pour beaucoup, la Citroën Traction est plus qu'une simple automobile. Une vraie reine de la route qui relégua, à sa sortie en 1934, ses concurrentes au rang d'antiquités à quatre roues.

Conçue en seulement dix-huit mois par l'ingénieur André Lefebvre, à qui l'on doit également les mythiques 2 CV et DS, la Traction avant, baptisée ainsi en raison de son mode de transmission, dispose d'une carrosserie monocoque tout acier sans châssis, qui lui donne une ligne surbaissée. « En accédant à bord, diront les journalistes de l'époque, on ne monte plus en automobile, mais on y descend »…

Pourtant, peu avant son lancement au Salon de l'auto de Paris, elle connaît une mise au point difficile. L'usine est soumise à des difficultés financières et André Citroën compte sur la sortie de son nouveau modèle, annoncé comme révolutionnaire, pour renflouer les caisses. Mais les retards s'accumulent, en raison notamment d'un problème de surchauffe dû à sa boîte de vitesses automatique. Le patron est aux abois, ordre est donné de remplacer le système défaillant par une boîte mécanique. Cette dernière, plus classique, sera réalisée en trois mois et restera son talon d'Achille pendant les vingt-trois années de production.

Pour Jean-Yves Hubert, heureux propriétaire d'une Traction familiale de 1955, « cette voiture avait vingt ans d'avance sur ses concurrentes. Sa tenue de route exemplaire et sa carrosserie aux formes d'avant-guerre m'ont toujours attiré ». Sa passion a entraîné Jean-Yves bien loin de la France, puisque, au volant de sa Traction, il a déjà parcouru plus de 8000 km sur les routes australiennes du Tracbar Dundee, un rallye organisé en 2000 et exclusivement réservé aux Traction.

L'aventure n'a pourtant pas calmé le collectionneur. Depuis, la Grèce et l'Italie ont été rajoutées au compteur de la fidèle Citroën. Certains week-ends, lors des sorties organisées par le club Amva (Amateurs mayennais de véhicules anciens) tout autour de Laval, Jean-Yves attelle à la Traction une adorable caravane, histoire de joindre l'utile à l'agréable une fois rendu à l'étape. Cette dernière est un modèle en parfait état d'origine, fabriqué dans les années 1950 en Charente-Maritime et sauvé de justesse de la destruction. « A chaque arrêt, je fais sensation sur la place des villages, car cela rappelle énormément de souvenirs aux plus anciens. »

Durant toute sa carrière, la Traction, d'abord proposée en 7 CV, 11 CV puis 15 CV, aura donc marqué son époque. Dans la circulation d'après-guerre, « l'homme à la 15 », pouvait prétendre à un certain respect… Portée au panthéon de l'automobile, la Trac représente également, avec la célèbre Jeep américaine, le symbole d'une liberté retrouvée. En août 1944, des centaines d'exemplaires affublés du sigle FFL ou FFI peint sur les portières ont défilé avec les troupes des Forces françaises libres sur les pavés de Paris sous les hourras de la foule en liesse. « La Traction est célèbre sur les cinq continents, reprend Jean-Yves, ce qui m'a permis d'être toujours super bien accueilli. Cette voiture est un formidable passeport pour le bout du monde. » Un passeport coté encore aujourd'hui par « la Vie de l'auto » de 13000 € à 100000 € selon les voitures.

Le Club de la Traction universelle, 1, avenue Marthe, Argenteuil (95). Rens. : www.la-traction-universelle.org.L